Janvier égrène ses 31 jours comme autant d’occasions de souhaiter une bonne année à nos proches, nos voisins, nos ami·e·s… La boulangère ou le gardien de l’école. Mais pour nos ados de Terminale c’est aussi le moment des premiers voeux sur Parcoursup. Ainsi, ils quittent la phase « informations et découverte des formations » pour passer à l’étape 2 : « saisie des voeux et finalisation du dossier ».
10 voeux sur Parcoursup avant le 12 mars
Ouverture de la phase 2 pour formuler ses voeux sur Parcoursup
Tout d’abord, les étudiants et apprentis disposent d’un mois et demi, du 22 janvier au 12 mars, pour s’inscrire, créer leur dossier candidat et saisir leurs voeux sur Parcoursup. Les jeunes doivent formuler au maximum 10 voeux non hiérarchisés, avec possibilité de 10 sous-voeux en fonction des formations. A noter : le nombre de sous-voeux est plafonné à 20 maximum pour l’ensemble des voeux multiples. En gros, cela signifie qu’un jeune peut demander une même formation, mais dispensée par différents établissements.
Ensuite, chaque voeu doit être motivé puis confirmé. Cela sous-entend que pour chaque formation demandée, l’ado devra rédiger son projet de formation motivé. Des outils d’aide à la rédaction ainsi que l’accompagnement des professeurs principaux soutiennent les jeunes dans cette démarche. Ainsi, ils devront expliquer en quoi la formation demandée est pertinente au regard de leurs résultats scolaires. Mais aussi vis-à-vis de leurs pratiques amateures et conditions matérielles envisagées au cours de la future année d’étude (logement, transport…).
Puis en février-mars, les professeurs renseigneront les fiches Avenir qui reprennent chacun des voeux émis et comportent également l’avis du chef d’établissement. Les candidats ont jusqu’au 2 avril pour finaliser leur dossier, fournir les documents et justificatifs demandés puis confirmer chaque voeu. En fin de phase 2, d’avril à mai, les formations examinent les voeux.
Réponses aux voeux Parcoursup et inscription aux formations
Pour finir, la procédure entrera en phase 3, de mai à septembre :
- 19 mai : réponses des formations,
- fin juin : ouverture de la phase complémentaire,
- début juillet : résultats du bac,
- avant le 17 juillet : inscription dans les formations.
En fait, je serai sans doute amenée à revenir sur ce calendrier pour vous apporter des précisions concernant le déroulement des procédures et la phase complémentaire. De plus, il sera intéressant de suivre les solutions proposées pour celles et ceux restés sans proposition sur Parcoursup.
Pour l’instant, quel bilan peut-on tirer de la session 2019 ?
Voeux sur Parcoursup les plus demandés en 2019
Bilan de la procédure 2019
D’après une note de l’enseignement supérieur d’avril 2019, le premier constat montre une augmentation du nombre de voeux. Il est passé de 7,4 en moyenne en 2018 à 9 en 2019. Cette tendance s’explique par l’étoffement de l’offre de formations d’une part (surtout l’IFSI, Institut de Formation en Soins Infirmiers). Et par un changement de stratégie d’autre part. Premièrement, les professeurs principaux ont largement encouragé leurs élèves à renseigner un maximum de choix pour éviter de se retrouver sans affectation. Deuxièmement, les bacheliers professionnels et technologiques ont gagné en confiance pour demander un BTS ou un DUT. Sachant que le ministère avait relevé les quotas pour les y inciter.
Cependant, « comme en 2018, la licence reste demandée par 7 candidat sur 10 ». Et le nombre de voeux varie en fonction de la filière d’origine. Ainsi, les lycéens professionnels émettent toujours moins de voeux, en moyenne 6,7, contre 10 pour les séries technologiques et les candidats en terminale scientifique.
Les filières les plus demandées
Même si les CPGE et établissements sélectifs connaissent un succès grandissant, la plupart des élèves ont veillé à diversifier leurs voeux. Ainsi ils évitent de se trouver sans rien à la rentrée, en cas d’échec de recrutement. Cependant, cette remarque est surtout valable pour les bacheliers généraux. En effet, le « BTS représente plus des trois quarts des listes de voeux des bacheliers professionnels et la moitié de celles des bacheliers technologiques. »
D’une manière générale, les candidats « choisissent au plus deux filières de formation. » Comme la moyenne est de 9 voeux en 2019, cela signifie que les jeunes effectuent essentiellement des sous-voeux pour tenter d’obtenir une formation dans un domaine de leur choix.
D’ailleurs, les trois formations les plus demandées sur Parcoursup, tous bacheliers confondus, sont :
- les IFSI qui comptabilisent 9,6% des voeux confirmés,
- la licence de Droit avec 4,6% des voeux et
- PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé) avec 3,3% des voeux.
Si l’on ne considère que les voeux de licence, qui concernent une majorité de bacheliers (7 sur 10), le Droit arrive donc en tête, suivi de STAPS (8%) et Economie-Gestion (7%).
En fait, toutes ces statistiques sont intéressantes, mais ne disent rien des réelles motivations des jeunes. A quel métier se destinent-ils ? Ont-ils fait un choix par défaut, par dépit, par tradition familiale, pour donner raison à leurs résultats scolaires ? Dans quelle mesure les voeux qu’ils avaient émis leur correspondaient et allaient répondre à leurs attentes en matière de formation ?
Dommage qu’une enquête (du ministère, de chercheurs) ne porte pas également (ou pas encore ?) sur le degré de satisfaction du voeu confirmé et /accepté validé en phase 3. Et au bout d’un an ou trois, en fin de licence ? Quel bilan les jeunes adultes tirent-ils de leurs choix de bachelier ?
A quoi rêvent les jeunes ?
Quand je consulte ces données statistiques, je ne peux pas m’empêcher d’y déceler certains stéréotypes. La disproportion de la demande de formations en PACES ou STAPS par rapport au niveau requis et aux débouchés interroge. Parmi les nombreux candidats qui se voient médecins dans le futur, combien choisissent cette voie en pensant au prestige de la blouse ? Au contentement des parents ? Ou encore aux notes d’honoraires fantasmées des chirurgiens ? Beaucoup déchanteront par la suite, essuyant parfois un burn-out. D’autres changeront même certainement de profession dans le futur.
Par ailleurs, dans un autre registre, l’engouement pour le droit ou l’économie gestion ne montre-t-il pas justement un manque de connaissance du monde du travail ? Quand un jeune s’inscrit en licence de Droit, a-t-il conscience de devoir étudier des domaines variés qui l’intéresseront de façon inégale ? Sait-il en quoi l’étude du Droit consiste réellement ? Avec un taux d’échec de 60% en première année, il paraît évident que le fourvoiement est rude pour de nombreux étudiants en L1 de Droit. De même, la filière économie-gestion attire des jeunes désireux de rassurer leurs parents. Avec cette idée que seul le commerce paie…Mais ils n’imaginent pas forcément s’orienter vers la statistique, la comptabilité ou le droit des contrats.
A l’inverse, les étudiants inscrits en licence professionnelle, les élèves des IUT et des écoles d’ingénieurs, ainsi que ceux de BTS provenant des filières générales et techniques affichent un taux de réussite entre 70 et 80 %. De belles performances qui traduisent certainement des choix initiaux plus adaptés à leurs compétences et personnalité. Et une capacité à se projeter dans un métier qui fait sens pour eux.
Meilleurs voeux sur Parcoursup pour 2020 !
Cette comparaison montre que les jeunes qui n’ont pas su s’approprier pour eux-mêmes leur orientation, devront probablement réajuster le tir ultérieurement. Après tout, quelle que soit l’issue d’une première année d’études supérieures, l’essentiel est d’en retirer un enseignement constructif.
Pour l’heure, ce sont les futurs bacheliers de 2020 qui se confrontent à l’exercice des voeux. Et qui réclament notre soutien et notre aide aujourd’hui.
Et il est encore temps de les écouter, de leur témoigner notre confiance et de les accompagner dans leurs recherches. Ainsi, le recours aux compétences douces est fondamentale pour aider les jeunes à affirmer leurs choix d’orientation : coopérer, écouter, apprendre, agir, développer sa créativité permettent de renforcer son Sentiment d’Efficacité Personnelle et l’estime de soi.
Même si le symbole du diplôme du baccalauréat est fort et peut créer des inhibitions, il est essentiel de ne pas perdre de vue la finalité de l’orientation scolaire. Que chacun·e trouve un travail à la mesure de ses talents et aptitudes. J’emploie volontairement le terme de travail plus vague que celui de métier, car la réalité des métiers fluctue. Et l’on sait que le futur du travail sera multiple, protéiforme. La capacité à apprendre et à s’adapter constituera un atout indispensable. Malgré la difficulté à faire des choix, il peut être bon de rappeler à un·e jeune qu’ils ne sont pas irréversibles et qu’ils font eux-mêmes partis d’un processus d’apprentissage.