Les syndicats de lycéens sont des organisations dont le fonctionnement est proche des syndicats étudiants. Ils ne disposent pas d’un cadre juridique spécifique, mais s’approchent des pratiques syndicales professionnelles. Ils mènent des actions variées : pétition, vote de motions, grève, organisation de manifestations… Les syndicats de lycéens fonctionnent comme les syndicats professionnels avec des élections de délégués, des congrès, l’élaboration de textes d’orientation etc. Pour l’heure, on compte en France, trois syndicats : l’Union Nationale Lycéenne – La voix lycéenne, (UNL, 1994) la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL, 1987) et le Mouvement national lycéen (2016).
Comment sont nées ces organisations lycéennes ? Quel est leur fonctionnement ? Et quels objectifs visent-elles pour les mois à venir ? Petit tour d’horizon de l’engagement au coeur des lycéens.
Un peu d’histoire : naissance du mouvement lycéen et prérogatives actuelles
D’après un article de The Conversation, il y a toujours eu « des lycéens en mouvement ». Pas forcément organisés en mouvements d’ailleurs, mais qui avaient la volonté de participer activement à la vie de la société. Comme ce 11 novembre 1940 où des lycéens et étudiants essentiellement parisiens se rassemblent pour fêter l’armistice de 1918 en pleine occupation allemande. Un tract recopié à la main circule pour inciter les lycéens à se rendre sur la tombe du soldat inconnu, au lieu d’aller en cours. Un appel à la grève spontanée qui rassembla un bon millier de jeunes.
Ensuite, il faut attendre mai 1968 pour voir à nouveau les lycéens monter au créneau et suivre leurs aînés étudiants.
« Des Comités d’action lycéens (CAL) sont créés début 1968, mais disparaissent en une année. En revanche, toute la décennie est marquée par des mobilisations lycéennes qui se dotent ponctuellement de coordinations formées d’élus des assemblées générales des lycées. Une tentative de syndicat en 1979 (la coordination permanente lycéenne) est une expérience qui ne dure que quelques années. »
Robi Morder pour The Conversation, Cinq questions pour comprendre l’affaire « Avenir lycéen », 17 mars 2021
Au final, les lycéens s’organisent en syndicats à partir de 1987 avec la formation de la FIDL. Elle s’inscrit dans le contexte de la mobilisation des lycéens et étudiants contre le projet de loi Devaquet (ministre délégué auprès du ministre de l’Éducation Nationale, chargé de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur). Ce projet visait à instaurer, entre autres, une sélection à l’entrée des universités. Le mouvement d’opposition rencontre une forte mobilisation qui aboutit au retrait du projet de loi. Forts de ce succès, les syndicats de lycéens et d’étudiants gagnent en légitimité. Et s’affichent comme partenaires incontournables dans les décisions qui concernent les lycéens et étudiants.
Fonctionnement des syndicats de lycéens
Cependant, l’impact des actions des syndicats de lycéens est plus restreint que celui de ses aînés. En cause des critères structurels indépendants de leurs objectifs.
D’après The Conversation, les syndicats de lycéens sont confrontés à plusieurs difficultés inhérentes au public qu’il représente :
- fort taux de rotation des équipes (cursus de 3 ans seulement, contre 5 voir plus en université),
- difficulté de représentativité (les président·e·s ne sont souvent plus au lycée lors de leur mandat),
- faible disponibilité (avec 30 à 40 heures de cours par semaine, difficile de trouver du temps à consacrer au syndicat),
- des moyens très modestes (faibles cotisations, difficulté à trouver un local pour se réunir, peu de moyens de communication)
- couverture géographique très étendue avec 4 300 lycées (contre une centaine d’implantations pour les universités).
Au final, toutes ces difficultés font que les syndicats de lycéens ont une faible visibilité dans la société. Contrairement aux syndicats étudiants dont les médias relaient plus fréquemment les actions.
Objectifs et actions des syndicats lycéens aujourd’hui
Pourtant, les syndicats de lycéens jouent un rôle primordial pour défendre les intérêts des jeunes auprès des instances éducatives. Ils font remonter les difficultés des lycéens face à la réforme du bac, au Grand oral, à Parcoursup… Et s’engagent pour des causes comme l’écologie, le féminisme, la solidarité etc.
Ainsi, en mai 2021, l’UNL avait interpelé « M. Blanquer au sujet des épreuves du bac à venir » et « demand[é] le remplacement des épreuves par le contrôle continu » selon les mots de Colin Champion, secrétaire national de l’UNL (source Factuel.Info).
Ainsi « un mouvement « Bac noir » a été lancé par ce syndicat au niveau national. Il vis[ait] à bloquer les lycées pour faire remonter les revendications. En plus du contrôle continu, le syndicat lycéen demand[ait] des sessions de rattrapage ouvertes pour les lycéens n’ayant pas validé le contrôle continu et la non-pénalisation du manque de stage pour les filières professionnelles. » D’après Colin Champion, cette action « avait plus un but d’information que de blocage ».
D’après Colin Champion, l’UNL milite aussi pour l’orientation pour tous. Le syndicat aimerait que tous les élèves, de toutes les filières et de toutes les spécialités puissent accéder à des études choisies et non subies. Il revendique pour les lycéens le droit de bénéficier d’un accompagnement complet et efficace pour faire ses choix sur Parcoursup.
En effet, il relève les insuffisances d’un système qui laisse sur le côté de trop nombreux jeunes perdus dans leurs choix d’orientation.
De son côté la FIDL revendique la participation à plusieurs « combats et mouvements lycéens ». Parmi les plus récents, on trouve ceux :
- contre le projet de loi Travail (2016),
- contre la loi ORE, ParcourSup et les réformes du Baccalauréat (2018),
- en faveur du climat et de notre planète (2019),
- contre le projet de loi Ecole de la Confiance (2019). (source site FIDL)
Quant au Mouvement national lycéen, issu d’une scission avec l’UNL en 2019, il indique sur son site « se pose[r] en alternative aux politiques éducationnelles destructrices, aux coupes budgétaires sans fin et à la précarité. Pour un service publique d’éducation de qualité, pour une société plus juste et égalitaire. » Par ailleurs, le MNL a deux campagnes en cours : #Riposte Féministe et Cantine verte qui correspondent à deux de leurs axes privilégiés, le féminisme et l’écologie.
Au final, les syndicats lycéens assurent un rôle fondamental de représentativité. Ils participent à la vie politique en initiant et organisant des débats démocratiques. De plus, ils informent leurs adhérents et sympathisants et font entendre leur voix par divers moyens de communication et au travers des manifestations.
Pour s’informer sur les syndicats lycéens
Enfin, pour obtenir des informations complémentaires, vous pouvez vous connecter aux sites et comptes Instagram de :
- la FDIL – @fidl.officiel
- l’UNL / Voix lycéenne – @unlnational