Pendant ces derniers mois, les plateformes de contenus audio-visuels ont tourné à plein régime. Tous les publics sont concernés : les adultes, les enfants et les ados bien sûr. Je me suis demandée ce qu’ils avaient le plus regardé et ce que cela leur avait apporté. La multiplication des séries est un phénomène de société qui rend la fréquentation des salles de cinéma moins assidue. Si le confinement nous a forcé à rester chez nous, la tendance au cocconing était déjà bien amorcée. Par ailleurs, une enquête du Forum Vies mobiles menée pendant le confinement a montré que « les plus âgés sont les Français qui sortent le plus régulièrement de chez eux (25 % des 65-75 ans sortent au moins une fois par jour). Et les plus jeunes sont ceux qui sortent le moins souvent (31 % des 18-24 ans ne sont jamais sortis) ».
Rester chez soi… et regarder des séries
Parmi les activités favorites des jeunes arrivent en tête les jeux vidéos et les séries. Netflix, Amazon Prime, OCS ou encore HBO séries offrent un large choix de thématiques pour tous les âges et tous les goûts. Pour le coup, les accros aux séries consacrent une partie de leur temps libre à suivre leurs acteurs/actrices fétiches. Ils créent des conversations Whatsapp pour commenter les épisodes et conjecturer sur les intentions des personnages. Cette part de sociabilité s’est beaucoup épanouie pendant le confinement.
Je suis trop fan de Teen Wolf. Pendant le confinement, mes parents nous ont enfermés dans la maison de campagne de mes grands-parents. Heureusement qu’il y avait du réseau. Même sans Netflix j’ai réussi à trouver mes séries préférées. Comme je dors mal la nuit, je regarde. Ça m’occupe et j’adore l’ambiance. Ça m’emmène ailleurs. Je voudrais trop rentrer chez moi maintenant.
Cybèle, 14 ans
Lorsque j’interroge des jeunes sur leurs séries préférées, ils ont souvent une série culte qu’ils connaissent par coeur. D’autres, par contre, adorent découvrir les nouveautés, mais sont souvent déçus au bout de deux ou trois épisodes. Finalement, les meilleurs avis viennent des ami-e-s. Ils ont envie de voir une série parce qu’elle a plu à un-e tel-le. Les jeunes font confiance à leurs pairs pour débuter une nouvelle aventure. Mais parfois ils découvrent aussi des pépites plus anciennes avec leurs parents.
Le retour des années 1980/2000
En tête de liste on trouve bien sûr Stranger Things, série assumée 100% vintage avec pulls tricotés et moquette marronasse. Cette plongée dans les années d’enfance de leurs parents côté look et côté scénario à la Splielberg remporte un succès fou. Ainsi, la troisième saison a rassemblé 40,7 millions de comptes à son lancement en juillet 2019 sur Netflix (source Wikipédia).
Cette série fascine par son alliage de fantastique et de vie intime des ados. Les approches sont suffisamment variées pour accrocher un maximum d’auditeurs, ados comme adultes d’ailleurs. La tendance rétro se confirme avec des séries comme Glee (un petit côté Fame) et That’ 70s show qui donnent la part belle à la musique ou encore The Gossip girl largement inspiré de l’univers de Beverly Hills. À chaque fois, on y retrouve des groupes de lycéens avec toute la diversité des problématiques de leur âge.
J’adore Mercedes. En fait, je l’admire même ! Parce qu’elle est douée et qu’elle sait ce qu’elle veut dans la vie. J’aimerais trop chanter comme elle. Mais je n’ose pas… je suis timide moi.
Chris, 15 ans
Mais bien plus que le côté légèrement « soap » de ces séries, la tendance humour et bonne humeur rassemble de nombreux jeunes spectateurs. Ou plutôt spectatrices, car il semblerait que les filles aient un net penchant pour ces séries bourrées de blagues ingénieuses.
Les séries « bonne humeur »
Les bandes de potes
L’influence de Friends n’est pas loin et ce n’est pas pour rien que Netflix vient de programmer l’intégralité de cette série diffusée à l’origine entre 1994 et 2004 en France. Une fois occultés les rires enregistrés, la nouvelle génération se replonge avec délectation dans le quotidien de Monica, Rachel, Phoebe, Ross, Chandler et Joey. Dans la même veine d’une cohabitation de jeunes adultes, on trouve aussi How I met your mother, The big bang theory et New girl, la plus contemporaine.
Finalement, le point commun de ces séries repose sur l’émancipation, à travers la vie en communauté de jeunes adultes. Débutant dans la vie active et cherchant encore souvent leur voie professionnelle, les personnages expérimentent, testent, se fourvoient et réussissent. Ainsi les spectateurs peuvent se projeter avec eux et vivre par procuration des situations qu’ils pourraient être amenés à rencontrer dans leur vie actuelle et future.
De plus, toutes ces séries interrogent ce difficile moment où l’on doit décider, semble-t-il, ce que l’on veut être, aux yeux des autres et pour soi-même. Nul doute que les jeunes se sentent concernés par cette problématique. C’est d’ailleurs une question lancinante qui peut nous poursuivre tout au long de notre vie : ai-je fait les bons choix ? Pour aider les personnages à voir plus clair, l’amitié, le groupe apportent toutes les ressources de l’entraide et de la coopération. En fait, ces séries mettent en valeur le recours aux compétences psycho-sociales !
Les séries familiales
Dans un autre style, la série Modern family, produite par Christopher Lloyd, le « doc » de Retour vers le futur, montre plusieurs modèles familiaux possibles en restant toujours ouvert, positif et plein d’entrain. En bref, ces séries font du bien au moral et c’est exactement ce que recherchent certain-e-s ados pour se détendre ! Et pourquoi pas en famille : rire ensemble pour partager de la légèreté, du lien joyeux et sincère.
Déjà qu’il y a les devoirs, si en plus je dois regarder des séries prise de tête, quand est-ce que je me détends moi ? J’ai besoin de décompresser avant d’aller me coucher. J’aime les séries courtes et drôles. J’ai tenté Stranger Things pour voir. J’ai trouvé ça super, mais au bout de trois épisodes, mes problèmes de sommeil ont recommencé. Je préfère les séries plus légères comme The good place ou Modern family.
Eva, 13 ans
Modern Family – Series 06 Gallery Sarah Hyland as Haley, Ariel Winter as Alex, Eric Stonestreet as Cameron, Aubrey Anderson-Emmons as Lily, Jesse Tyler Ferguson as Mitchell, Julie Bowen as Claire, Ty Burrell as Phil, SofÌa Vergara as Gloria, Rico Rodriguez as Manny, Nolan Gould as Luke and Ed O’Neill as Jay. TM and © 2013 Fox and its related entities. All rights reserved. Patent Pending.
Les séries catégorisées « ados »
Netflix propose une catégorie « ado » dans sa recherche par mot clé. La liste est longue et pas toujours de qualité, s’adressant parfois à des communautés (afro, asiatique…). Je suppose que cette audience existe. Mais les séries les plus regardées rassemblent autour de deux thématiques principales : les super-héros et le quotidien adolescent. Vous vous souvenez de la série canadienne Les années collège diffusée entre 1988 et 1990 en France ? Plusieurs séries occupent aujourd’hui ce « créneau ».
Les super-héros de DC Comics et Marvel
Avec ou sans super pouvoirs, lutter pour la justice
Pour les fans de comics, les plateformes de streaming regorgent de séries dédiées aux super-héros. La plus ancienne est sans doute Arrow inspirée du super-héros de DC Comics. Son spin-off, Flash, rencontre également un franc succès aujourd’hui. À noter qu’il existe aussi une série dérivée, DC’s Legends of Tomorrow, qui rassemble super-héros et méchants pour traquer un tyran à travers le temps. La particularité de ces séries réside dans leur approche fidèle et inédite. Généralement assez sombre, décalé, leur univers respecte les BD originales mais leur adjoint aussi des éléments plus contemporains.
D’ailleurs, la firme Marvel a conclu un partenariat avec Netflix pour produire des séries inspirées de son répertoire, comme Luke Cage. Mais celui qui arrive en tête des sondages c’est Matt Murdock, le super-héros de Daredevil. Dans la lignée des vengeurs masqués, on trouve aussi le très sombre The Punisher, surnom du Marine Franck Castle dont la famille a été assassinée. Il y a également Danny Rand/ Iron Fist qui réapparait après avoir été présumé mort pendant quinze ans et qui combat la corruption new yorkaise.
D’autre part, les héroïnes ne sont pas en reste avec Jessica Jones reconvertie en détective privée et Kara Zor-El, alias Super girl, la cousine de Superman qui relève sans difficulté la comparaison avec son homologue masculin. Ces deux séries sont toujours en cours, preuve qu’elles rencontrent leur public. Enfin, la série The Defenders rassemble quatre super-héros pour protéger New York du crime : Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist.
La force mentale comme super pouvoir
Finalement, tous ces personnages ambitionnent le même objectif : lutter pour faire triompher la justice. Alors que les jeunes s’interrogent sur la politique, sur leur place et leur rôle dans la société, les super-héros leur servent de modèle de courage, d’engagement, de cohérence avec leurs idéaux. Ils font rêver bien sûr, car ils sont forts et savent se défendre. Mais ils peuvent aussi nous inspirer et nous guider vers des actions utiles au bien commun. Ils peuvent aussi nous élever vers des objectifs ambitieux pour les autres et nous-mêmes.
Je ne suis pas un super-héros, mais je me sens une responsabilité vis-à-vis de ma famille et de la nature aussi. Pas besoin de courir vite comme Flash, mais si tu veux tu peux aussi agir rapidement pour changer tes habitudes et moins polluer. J’adore les super-héros, pas pour leur costume ou leurs muscles, mais par ce qu’ils sont fort mentalement.
Eliott, 16 ans
Pour faire un parallèle avec les choix d’orientation scolaire, il est intéressant de constater que les études de droit arrivent en 2ème place des voeux sur Parcoursup. Le désir des jeunes de faire respecter la justice est donc fort et se confirme dans les choix d’orientation. De plus, les premiers voeux concernent les filières médicales, autre voie pour aider son prochain. D’une manière plus générale, être utile à la société par son travail, œuvrer en donnant du sens à sa vie sont des éléments fondamentaux dans les choix d’orientation scolaire.
Les séries qui libèrent la parole
Pas de sujets tabous pour les séries ados ! Et c’est tant mieux car grâce à 13 reasons why on parle harcèlement scolaire et suicide. Attention, de nombreux pays ont interdit cette série aux moins de 18 ans considérant certains passages comme esthétisant le suicide auprès d’un public statistiquement « fragile ». Pour rappel, en France, le suicide est la 2ème cause de mortalité chez les 15-24 ans (après les accidents de la circulation) avec 16,3 % du total des décès (source Ministère des solidarités et de la Santé). Cependant, cette série a le mérite d’aborder des thématiques taboues et peu évoquées au sein des écoles et des familles. Les jeunes sont sensibilisés au drame du harcèlement et comprennent les mécanismes qui peuvent conduire à l’irréparable. Ils détiennent les clés pour entrer en empathie avec les victimes et comprendre leur rôle de témoin et d’acteur dans ce type de situations.
Dans un tout autre genre, la série Sex education aborde aussi sans détour les affres de la découverte de la sexualité. Sans jamais rien dramatiser ni négliger comme problématiques, les jeunes spectateurs et spectatrices trouveront certainement ici des réponses à leurs questions et bien plus. Des personnages bien trempés, attachants et comiques le plus souvent, servent de cobayes pour explorer l’intime sans fard, avec un peu de sérieux et surtout beaucoup d’humour. Série réservée aux 16+ tout de même ! Enfin, la série culte qui aborde à peu près tous les sujets du quotidien des ados c’est Riverdale. Avec sa batterie de personnages auxquels chacun-e peut s’identifier, cette série réunit beaucoup d’ingrédients pour plaire aux jeunes. Une mort tragique, une petite ville, beaucoup de sombres secrets… un petit air de Twin Peaks qui rend accro aux divers rebondissements. Cette série est toujours en cours de production. Pour terminer, le public, tous âges confondus, a plébiscité la série espagnole La Casa de Papel. En 2019, « la saison 3 a quand même rassemblé 34 millions de foyers en seulement une semaine, soit le meilleur démarrage mondial pour une série non-anglophone sur Netflix ! » (source Première). Une bande d’insoumis qui vole les banques par moralité plus que par nécessité ? Un groupe d’amis hétéroclites et soudés qui respectent chaque personnalité ? Un cerveau brillant et humain, des personnages féminins principaux et non subalternes ? Quoi de plus contemporain ?
Alors, et chez vous, quelles sont les séries préférées de vos 13-18 ans ? Aiment-ils-elles les regarder en famille ou en solo ? Est-ce l’occasion de partager avec vous leurs avis, leurs goûts, leurs préférences ?