Il y a quelques temps Weeprep lançait un grand sondage auprès d’une communauté de parents mobilisés autour de l’orientation scolaire. Au final, nous avons obtenu la participation de 637 répondants en France et en Wallonie. Le panel était constitué d’une large majorité de femmes (75%) âgées entre 30 et 50 ans, mamans d’enfants entre 10 et 18 ans,. Parmi eux, on dénombrait 45% de collégiens et 46% de lycéens.
Voici le résultat de cette enquête avec quatre tendances principales qui pointent : l’autonomie des jeunes, l’accompagnement parental, les compétences douces et la prépondérance de la famille sur l’école en matière d’orientation scolaire. Ces résultats donnent un aperçu de l’opinion d’un public très ciblé et ne représente pas la majorité des parents. Mais il fait émerger les besoins, les doutes, les interrogations des parents en recherche d’une solution innovante et efficiente et qui respecte les choix et la personnalité de leur enfant.
Choisir son orientation scolaire est une démarche personnelle
À la question, « le choix personnel de l’enfant est-il important pour son orientation ? », 97,73% répondent à l’affirmative. Pour les parents interrogés dans cette enquête, le choix personnel est un facteur d’engagement, de motivation personnelle, donc de réussite. De nombreux exemples montrent que les choix imposés par une stratégie familiale provoquent des réactions de rejet à plus ou moins long terme. Soit l’étudiant se trouve en échec dans sa formation, soit il réussit mais tentera de se reconvertir ultérieurement. La question de la reconversion n’est pas une prédiction négative. Chacun·e est libre de changer de métier, de secteur de d’activité, de s’épanouir ailleurs que dans ses premiers choix. Mais l’objectif du bien-être au travail impose de réfléchir en amont.
Combien d’actifs malheureux aujourd’hui ? Entre burn out, bore out et sentiment d’inutilité, nombreux sont les hommes et les femmes qui souffrent dans leur quotidien. D’après un récent article du Point, ils sont près de 47% à projeter ou engager une reconversion suite au confinement. Cela en dit long sur la pertinence des premiers choix d’orientation. Interrogés, les travailleurs concernés disent avoir choisi des voies réputées brillantes, sensées renvoyer une image de carrière à succès. Au final, ils ont intégré des grandes entreprises au fonctionnement opaque qui les ont enfermés dans un grand flou. Beaucoup témoignent de ce sentiment d’irréalité, de déconnexion avec la vie concrète, de ces réunions sans fin, de ces heures de présentéisme creux.
« La priorité pour moi, c’est qu’elle se sente bien dans sa peau, qu’elle ait
confiance en elle, et qu’elle sache qu’à tout moment elle peut refaire
ses choix, rien n’est définitif.«Rachel, 45 ans, 1 enfant, Bourg la Reine
Par ailleurs, les parents de notre sondage déclarent à 85,7 % la maturité nécessaire pour faire ses choix d’orientation. Il ressort ainsi une part d’eux-mêmes adolescent·e, manquant de confiance et d’expérience pour prendre « la bonne décision ». Ils manifestent sans doute la crainte de l’échec, la peur de se tromper. Et la transmettent très souvent à leurs propres enfants. Il y aurait un travail à mener au sein de l’école contre ce rapport à l’échec, vécu comme une infamie. Alors même que l’échec est inévitable, fait partie justement des chemins de l’existence et aide à forger son propre récit de vie.
Mais ce qui se joue derrière la maturité ressort plutôt de l’autonomie. Car l’autonomie est cette capacité à rebondir, à identifier les outils et moyens pour se tirer d’affaire. L’autonomie des jeunes est le premier pas vers leur avenir. Et les choix personnels d’orientation participent de cette autonomie. D’ailleurs, les parents plébiscitent la motivation comme facteur de réussite (73,3%) ainsi que la connaissance de soi (64%). Deux facteurs qui dépendent fortement de l’autonomie des jeunes.
L’accompagnement parental est fondamental pour faire ses choix d’orientation
Parmi les critères qui favorisent les choix d’orientation, les parents interrogés mettent en avant la qualité de la relation avec leurs enfants. Ils sont 81,49% à estimer devoir intervenir. Leurs conseils n’ont pas vocation à se muer en injonction. Bien au contraire, puisqu’ils sont 95,7% à déclarer qu’être à l’écoute des aspirations de leurs enfants est un moyen efficace de les aider. De même, 97,7% des parents de notre panel pensent que s’intéresser à ce qu’il·elle fait aide à la prise de décision dans leurs choix d’avenir. Enfin, pour 96,7%, l’accompagnement parental repose sur une relation de confiance.
« Le lycée n’accompagne pas les élèves dans leur orientation. Il me
semble beaucoup plus efficace d’accompagner, de soutenir et
d’encourager mes enfants dans leurs projets. »Martine, 52 ans, 2 enfants, Evry
En fait, les parents ont un rôle de guide, d’éclaireur. Ils mettent en lumière ce que les enseignants n’ont pas forcément perçu. Ils ouvrent un dialogue pour aider leurs enfants à prendre conscience de leurs propres capacités. Ainsi, ils facilitent le cheminement intérieur, en montrant les possibles sans en imposer aucun. Ils accompagnent leurs enfants pour sortir parfois de la spirale de l’échec en adoptant d’autres points de vue, extra-scolaires.
Cet aspect fait consensus auprès des parents sondés. En effet, 99,6% d’entre eux soulignent l’importance de valoriser leurs enfants et de leur faire prendre conscience de leurs compétences. Cet engagement fort auprès de leurs enfants contraste avec la réalité de bon nombre de familles qui privilégient le bulletin de notes plutôt que les capacités.
Le système éducatif français use et abuse des devoirs et évaluations notées, voire du classement entre élèves, de la comparaison entre eux. C’est un système compétitif qui donne l’impression aux parents que leurs enfants sont lancés dans une course. L’élève français doit non seulement obtenir une bonne note pour être valorisé, mais il doit aussi se trouver dans la moyenne de sa classe et encore mieux au-dessus pour être évalué positivement. Cette méthode met en échec les plus faibles, ceux qui manquent de confiance, d’entrainement ou d’encouragement. L’aboutissement de ce système conduit à décupler l’angoisse des parents face à l’avenir de leurs enfants et à aggraver le stress scolaire. C’est pourquoi les parents interrogés dans cette enquête tentent d’emprunter une nouvelle voie par une mise à distance de la notation au profit de la prise en compte globale des capacités et compétences de leurs enfants.
Des résultats scolaires comme ligne conductrice mais qui prennent en compte les compétences douces
En effet, pour les parents interrogés, les compétences (92%) arrivent devant les résultats scolaires (82%) comme facteur déterminant le choix d’orientation scolaire de leurs enfants. Là encore, ce résultat montre que les parents ont conscience que leur enfant pourrait être capable de s’épanouir dans un secteur d’activité qui fait appel à des compétences extra-scolaires. Par là, il faut comprendre les compétences psycho-comportementales, appelés soft skills par les anglo-saxons. Certes les résultats scolaires sont importants dans le choix de la filière, par principe de réalisme.
Ce principe est de plus doublé par la perspective métiers, importante pour 75% des parents qui considèrent d’ailleurs qu’ils ont pour rôle éducatif d’informer le plus possible sur les métiers (78,9%). Toutefois, ils ne sont que 42,5% à déclarer important de pousser leurs enfants à l’excellence scolaire. Une bonne connaissance des filières et la découverte de la richesse des métiers demeurent fondamentales pour aider les jeunes à s’orienter.
En fait, les parents espèrent faire coïncider performances scolaires et besoins du marché de l’emploi. En effet, par exemple, pour s’engager dans des études médicales, il faut être bon dans les matières scientifiques. La motivation seule, sans solide bagage scolaire, ne suffira pas, compte tenu de la forte compétition qui caractérise ces filières.
« Les opportunités de demain sont mal connues du système en place.
L’important est d’apprendre des valeurs, l’analyse critique et systémique
à l’enfant. Après, à lui de jouer… »Sacha, 35 ans, 1 enfant, Paris
Cependant, en dehors de ces cas particuliers, les compétences psycho-sociales préjugent fortement des capacités des jeunes à s’adapter aux missions qui leur seront confiées. Faire preuve de créativité, savoir communiquer au sein d’une équipe, trouver des solutions, se former aux nouveaux outils… Les compétences psycho-comportementales attirent les recruteurs en quête d’un collaborateur efficace et bien dans sa peau. L’expérience des parents joue favorablement dans l’appréciation des compétences de leurs enfants. Ils savent que leurs enfants pourront toujours apprendre, développer leurs connaissances dans l’exercice de leur profession. Encourager une attitude pro-active c’est les former au monde de demain, un monde qui évolue vite et qui réclame de s’adapter constamment. Les résultats scolaires indiquent l’état des connaissances à un instant T ; les compétences psycho-sociales désignent une capacité à déployer son intelligence dans des directions variées.
Prépondérance de l’environnement familial sur l’équipe éducative dans les choix d’orientation scolaire
Les parents sont 86,3% à déclarer que l’environnement familial est important pour les choix d’avenir de leurs enfants, contre 71,4% pour l’environnement scolaire. Selon eux, le niveau scolaire de l’établissement influence les choix d’orientation, tout comme l’environnement social (75%). Ces statistiques montrent deux choses.
Premièrement, le poids de l’origine sociale pèse dans les choix. Dans les milieux modestes, et à niveau scolaire égal avec des milieux favorisés, les jeunes auront tendance à privilégier les filières courtes pour accéder plus rapidement à un emploi rémunéré. Ce déterminisme de classe prédomine toujours, alors même que des solutions d’aide peuvent le corriger.
« En milieu rural, les lycées privés de proximité sont couteux et les bons
lycées publics sont éloignes, donc, oui, il faut avoir un peu les moyens si
on veut du choix. »Raphaëlle, 49 ans, 3 enfants, Roulans
Deuxièmement, la famille demeure la conseillère d’orientation principale, très largement devant les conseillers d’orientation dont les préconisations paraissent importantes à seulement 35% de parents. Cela n’a rien d’étonnant quand on sait que les psychologues en charge de l’orientation scolaire au sein de l’Éducation nationale disposent de peu de créneaux pour mener à bien cette mission. En revanche, l’équipe éducative arrive en seconde intention dans les préconisations avec 60% qui jugent leurs conseils importants. Les parents estiment que les enseignants connaissent mieux leurs enfants que le psychologue scolaire. D’autre part, ce dernier fait figure de mauvais conseilleur d’après les souvenirs que les parents ont de leur propre expérience. Ici un artiste sommé d’opter pour un CAP de vitrier, là une aspirante pâtissière qu’on envoie en esthétique.
« Il est plus simple de mettre les enfants dans des cases et d’en faire plus
tard des professionnels malheureux qui seront passés à côté d’un métier
épanouissant. »Karima, 46 ans, 2 enfants, Bruxelles
Selon les parents sondés, l’école ne prend pas en compte les aspirations des enfants (77,2%). Et 84% d’entre eux jugent que ses méthodes d’orientation scolaire ne sont pas adaptées aux évolutions de la société. De plus, ils considèrent que l’école n’est pas à l’écoute des parents (72,7%). Selon eux, elle n’a pas une connaissance précise des nouveaux métiers (86,6%) et elle ne s’intéresse qu’aux résultats scolaires (71,4%).
Ainsi, globalement, les parents interrogés ici pensent être mieux placés que l’école pour aider leurs enfants à faire leurs choix d’orientation scolaire. La reproduction sociale prouve que cette position de conseil est réellement effective. Les enfants eux-mêmes confient réclamer l’avis de leur famille. C’est souvent en son sein qu’ils y trouvent des modèles inspirants. Mais pas seulement, puisque 67,8% des parents de l’enquête estiment important la rencontre avec des figures de réussite. Ils relèvent ainsi la pertinence des stages et autres expériences de terrain, au contact de professionnels. Cela englobe aussi les journées portes ouvertes, forums, salons etc. qui permettent aux jeunes de poser directement leurs questions à des étudiants déjà inscrits dans les filières qui les intéressent. Ou bien de rencontrer des professionnels venus partager leur expérience métier.
« Pour moi, il n’y a pas meilleurs experts que des gens de terrain pour
témoigner de leurs expériences. »Alexis, 45 ans, 4 enfants, Belfort
En conclusion, les parents interrogés au cours de cette enquête manifestent une volonté forte d’accompagnement de leurs enfants dans leurs choix d’orientation scolaire. Ils adoptent une position de facilitateur en écoutant et en s’intéressant aux compétences et aspirations de leurs enfants. Leur attitude bienveillante vise l’autonomie et l’épanouissement des jeunes dans leur futur métier. Un grand merci à eux pour ces échanges très enrichissants !
« Le mot juste, c’est accompagner. Cela veut dire ne pas laisser seul et
surtout permettre d’accéder à tout en « toute liberté ».Ghislane, 41 ans, 2 enfants, Marseille
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