Tout parent a à cœur d’accompagner ses enfants vers l’autonomie et la connaissance de soi. Des premiers sourires aux premières lignes de lecture en passant par la ceinture bleue de karaté ou le spectacle de fin d’année, nous sommes présents, à l’écoute, attentifs et plein de conseils. Parfois, une pointe d’angoisse nous empêche de profiter pleinement de ces moments. Pourquoi ? Toutes ces étapes nous renvoient à notre propre enfance…
Réparer les absences du passé
Qui n’a pas regretté lorsqu’il était enfant de ne pas être applaudi par un membre de sa famille lors du spectacle de fin d’année ? Personnellement, les miens ne se sont pas déplacés une seule fois et ce, même les week-ends… Ce douloureux souvenir me pousse sans doute à me mettre en quatre pour participer aux performances de mes enfants ! Mais est-ce une bonne chose, pour moi, pour eux ?
En répondant présent à chaque événement, il me semble que nous tentons ainsi de réparer ce qui nous a manqué à nous, lorsque nous avions 10, 15 ou même 20 ans. Ainsi, nous nous faisons du bien et nous valorisons notre propre enfant en nous investissant dans son emploi du temps.
Cependant, il peut être utile de discuter avec votre ado pour savoir quand il souhaite votre présence. Il pourrait ne pas apprécier que vous l’attendiez systématiquement à la sortie de chaque examen ! Je me souviens avoir été irritée d’être privée de conversation après les épreuves du bac pour devoir rejoindre ma mère postée sur le trottoir d’en face !
Faire face à l’angoisse du bon choix
Si l’on regarde en arrière, nous interprétons parfois nos décisions comme autant d’échecs. Parfois, nous en voulons à nos parents de ne pas nous avoir aidés dans nos choix. Du coup, dès que nos enfants doivent à leur tour choisir allemand ou espagnol, mécanique ou électronique, on panique.
Finalement, nos propres choix étaient-ils vraiment des erreurs ? Est-il seulement possible d’apprendre et progresser sans se tromper ? Si l’on se réfère à Vygotski, pédagogue et psychologue, mort en 1934, l’apprentissage est possible dans une zone appelée zone proximale de développement.
Ainsi, entre ce que l’on sait faire sans aide et avec aide, nous apprenons. Autrement dit, il faut se confronter à la difficulté pour progresser. Les erreurs en font partie. Discuter objectivement, anticiper les choix, réfléchir aux itinéraires bis, dédramatiser, voilà ce qu’on devrait avoir en tête pour aider nos enfants au quotidien.
Penser faire le « bon choix » est un leurre, car ce qui compte est de faire le meilleur choix possible à un instant T. Seul le futur qualifiera rétrospectivement un choix de bon ou mauvais. Et cette analyse devrait permettre d’aller de l’avant, de s’adapter en fonction de paramètres actualisés, et non de ruminer une situation jugée insatisfaisante. Aller de l’avant, c’est faire des choix et les réajuster en fonction de notre évolution.
Accepter le présent
Regarder vers le passé en comparant systématiquement ce que nous avions enfant avec ce que nous partageons aujourd’hui au sein de notre propre famille, me semble totalement contre-productif. Cela m’a pris du temps à comprendre, mais désormais je me soigne !
En effet, il faut apprendre à se faire confiance en tant qu’éducateur et chasser les « spectres » de notre enfance. De la même façon qu’un historien ne traite pas ses sources avec un regard contemporain (sont bêtes pourquoi ils ne prenaient pas le train, ah oui, zut on est au XIème siècle…), nous parents devons considérer le contexte avec ses nouveautés et les personnalités de nos enfants comme singulières.
On fait avec ce qu’on est et avec ce qu’on a. Nous sommes forcément différents de nos parents et nous leur ressemblons aussi, tout comme nous avons des points communs avec d’autres personnes de notre entourage. Et c’est quand on accepte et intègre tous ces fragments de notre personnalité que nous pouvons aussi aider nos enfants dans leur propre quête de connaissance de soi.
Ce qui prime est la relation de confiance que nous instaurons avec nos ados. Vouloir faire mieux que nos parents est louable, mais nous éloigne de nos véritables liens parents/enfants dans l’instant immédiat.
Accéder au stade de pleine conscience parentale
Empruntée au vocable à la mode, la pleine conscience a pourtant des vertus, indépendamment des effets de mode. Vivre l’instant présent, l’injonction du carpe diem antique, a traversé les siècles pour ressortir aujourd’hui sous forme de méditation donnant accès à la pleine conscience.
Qu’est-ce que c’est et en quoi cela peut-il être profitable à nous parents ? La pleine conscience désigne un état mental où l’on considère les faits non pas pour ce qu’on imagine, mais pour ce qu’ils sont vraiment.
Pour prendre un exemple concret : lorsque ma fille doit choisir entre anglais et allemand en 6ème, je vais me libérer de mes propres représentations et considérer que ce choix n’est qu’une formalité et qu’il ne présage en rien de son avenir.
Donc comme diraient les Ratz « Pas d’panique à bord / Le fun et la vitesse d’abord / Les Ratz ne quittent pas le navire / On vous amènera à bon port ».