Epineux et vaste sujet que la confiance en soi ! Qu’on la cherche encore ou qu’on l’exhibe, elle nous glisse entre les doigts dès qu’il s’agit de la définir. Trait de personnalité, auto-évaluation face à une tâche précise ? Maslow stipulait quant à lui, que la confiance en soi ne pouvait advenir que lorsque certains besoins étaient comblés. Au-delà des théories, comment peut-on aider un·e ado à croire en lui·elle ?
La confiance en soi comme facteur extérieur de réussite
La confiance en soi devrait dépendre de nos capacités et compétences. Suis-je capable d’accomplir cette tâche ? Y suis-je déjà parvenu·e auparavant ? Notre degré de certitude s’établit au regard de nos réussites. Plus elles sont nombreuses, plus nous progressons.
D’ailleurs, en classe, ceux qui ont confiance en eux sont ceux qui obtiennent les meilleurs résultats et qui reçoivent des compliments pour leur travail. Dans ce cas de figure, lorsque tout se passe bien, le Sentiment d’Efficacité Personnelle augmente et permet de se dépasser à nouveau.
Mais le plus souvent, d’autres facteurs interviennent pour diminuer la confiance en soi. La plupart du temps, ces facteurs n’ont rien à voir avec le niveau d’expertise, mais témoignent de difficultés matérielles, physiologiques ou psychologiques. La fameuse pyramide des besoins selon Maslow peut servir de point de départ pour réfléchir sur les conditions de développement de l’estime de soi.
Même si aujourd’hui le principe même d’un ordre pyramidal est remis en question par la communauté scientifique, on peut retenir les grandes catégories de son schéma. Et s’interroger justement sur nos différents besoins, leur interdépendance et la place que nous leur donnons au quotidien. Selon Maslow, les besoins d’estime recouvrent la confiance et le respect de soi qui vont de pair avec la reconnaissance et l’appréciation des autres. Donc, le va-et-vient de soi aux autres et des autres à soi alimente l’estime de soi. Mais qu’entend-on par respect de soi ?
S’accepter tel·lle qu’on est
Pour m’atteler au sujet de la confiance en soi, je n’étais moi-même pas très confiante ! Vu l’étendue du sujet et son aspect protéiforme. Du coup, j’ai fait une petite recherche sur le net. En fait, les premiers mots corrélés à la confiance en soi relèvent de l’apparence physique. Elle serait dépendante de l’image que nous avons de nous-mêmes, grand·e, petit·e, séduisant·e, bigleux, boutonneux… Et la pression est particulièrement forte sur les femmes. En effet, de nombreux articles de presse féminine proposent à leur lectorat de croire en elles et de s’assumer telles qu’elles sont. C’est-à-dire, selon eux, d’accepter leurs particularités physiques ! Et à ce stade-là de ma recherche, les bras m’en tombent !
Je ne peux pas m’empêcher de penser que des jeunes, et moins jeunes, en quête de réponse pour avoir plus confiance en soi tombent sur ces articles ! Alors oui, nous pouvons avoir du mal à assumer notre poids, notre pilosité, la longueur de notre nez ou la forme de notre menton. Mais, en faire le noeud du problème, quelle arnaque, quel mensonge ! Que dire alors de Stephen Hawking, d’Emmanuelle Laborit, de Pascal Duquenne, ou encore de Michel Petruciani ! Que veut-on nous faire croire…ou nous vendre !
Aider nos ados à avancer avec certitude et discernement
La confiance en soi ne coule pas de source, pour les beaux, comme pour les laids. Oui, elle augmente quand nous nous acceptons tel·le·s que nous sommes. Avec nos oreilles en choux fleur, mais aussi avec notre franc-parler, notre ingéniosité, notre créativité. Nos petites manies, nos passions improbables et nos goûts vestimentaires discutables ! Bref, nous avons tout à y gagner. Pourquoi ? Pour nous concentrer sur notre projet de vie ! Avancer avec certitude influence le cours des choses. Même le doute cartésien remettait en cause le doute lui-même. Car manquer de confiance, c’est douter de ses capacités. Et être dans le doute c’est comme marcher au bord d’un précipice. Le danger de la chute menace à chaque pas. S’en suit un cortège d’angoisses et sueurs froides qui freinent notre objectivité et notre efficacité.
Pour filer la métaphore, assurer ses appuis, repérer les prises pour éviter la chute garantissent un cheminement plus serein. Nos ados ont besoin d’un minimum de confiance en eux. Pour les y aider nous pouvons être la paroi rocheuse ou la solide touffe d’herbe (c’est vous qui voyez !) à laquelle s’accrocher en cas de difficulté.
Indépendamment du physique, la confiance en soi doit se développer là où résident des compétences. Pour un ado, identifier les domaines où il·elle est à l’aise va l’aiguiller dans ses choix futurs. Mais n’oublions pas que son degré de confiance dépendra aussi du nôtre.
Orientation scolaire : avoir confiance et faire confiance
En effet, très souvent on oppose confiance en soi et confiance en autrui. Comme s’il s’agissait d’une compétition d’égos ! Bien au contraire, la confiance en soi est un atout dans une équipe. Et ici l’équipe, c’est la famille éducative au sens large. Parents et enseignants. Mais aussi camarades aux aspirations proches, susceptibles de créer de l’émulation. Avoir confiance et faire confiance vont de pair pour apprendre à se connaître. De plus, se fier à soi et aux autres permet de coopérer et d’échanger les compétences disponibles.
A contrario, un manque de confiance en soi peut laisser penser à un faible niveau de maîtrise. Notre assurance est un miroir renvoyant notre image et celle de ceux qui nous évaluent. En nous observant nous mêmes et ceux qui nous regardent, nous forgeons notre estime de nous même. Plus celle-ci est élevée, plus notre confiance augmente. Plus nous sommes à même de convaincre notre entourage du bien fondé de nos choix.
Un exemple tout simple pour illustrer mon propos. J’ai récemment fait la connaissance de Justine, 11 ans, qui souhaite devenir pâtissière. Elle s’est présentée à moi…avec un gâteau au chocolat ! Par ce geste, elle exprime sa passion, sa créativité, sa détermination. Et cherche à conforter sa confiance en obtenant des avis positifs. Il s’avère que le gâteau était délicieux ! Ce que je lui ai fait savoir. Les retours laudatifs renforcent l’estime de soi et par ricochet la confiance en soi d’une manière générale. De plus, cette ado était encouragée par son père qui s’est mis en tête de tester toutes les bonnes pâtisseries de Paris. Chouette projet !
Cependant, des dérives existent aussi et l’excès de confiance provoque des erreurs et induit des comportements inadaptés. Ainsi, les scientifiques ont nommé effet Dunning-Kruger ce biais de personnalité qui recouvre une croyance erronée en ses capacités. Risible lorsqu’il concerne un braqueur de banque non masqué, il l’est moins lorsque des responsabilités sont en jeu…
C’est pourquoi, il peut être judicieux d’objectiver la confiance en soi de son ado. Et corréler celle-ci à la maîtrise d’une compétence, plutôt qu’en une croyance erronée et préjudiciable à son projet. Regardons-nous, écoutons-nous et n’ayons pas peur d’être pour nos jeunes le miroir de leur âme.